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Site et contraintes : approche de projet

Nous l’avons vu dans le chapitre I.B, l’architecture populaire se nourrit d’une diversité stylistique, basée sur des pastiches empruntés à l’orientalisme, le classicisme, et à une architecture soudano sahélienne. Mais ce n’est pas tout, le vernaculaire est la base de la conception architecturale populaire, une pratique savante héritée de la tradition réside dans l’articulation des espaces intérieurs et extérieurs.

Il s’agit de vivre à l’extérieur et de dormir à l’intérieur, de s’abriter du soleil et de la pluie, de profiter de l’ombre et de l’air. Il ne s’agira donc pas de construire de l’hospitalier européen, ni dans le fonctionnement (intérieur continu majoritairement isolé de l’extérieur), ni dans le style (forme et couleurs aseptisées, lisses et monotones). Mon choix est d’être de plain-pied : éviter ainsi escaliers et probables ascenseurs, éviter la possibilité de défenestration, éviter l’isolement de l’espace public extérieur (comme je le remarquai à l’étage de la division nord de Fann.)

C’est donc ce rapport entre extérieur et intérieur que le projet pourra se développer. Pour l’instant voyons ce qu’offre le site.

1. le site

¤ + Une bonne situation géographique

Montrons maintenant les déterminants du site trouvé avec l’aide du président du conseil rural de Gandon.

Avant l’entrée sud de Saint Louis, sur la route venant de Dakar, sur le territoire du village de Leybar dans la communauté rurale de Gandon, le terrain offre des avantages en termes de réseaux : eau électricité et téléphone sont déjà présents. Ici on est à 2,5 km de la gare routière, principale plateforme des transports extra urbains où cars et taxi-sept-places embarquent et débarquent les voyageurs venus de tout le pays, les taxis urbains individuels y prennent le relais. La gare ferroviaire a été fermée en 2001 pour des raisons de sécurité. Le garage de Bango, au cœur de SOR est, lui, le lieu de départ des taxis urbains, des cars urbains et des « clandos » permettant de joindre les communes de l’agglomération…

Les vents dominants sont les alizés des canaries, orientés nord ouest. Nous verrons plus loin l’importance du sens des vents dominants pour la conception d’un bâtiment à ventilation naturelle.

¤ – Un terrain insuffisamment déterminé

Alors, le principal problème réside dans l’absence de projet urbain pour la zone. En 2000, juste après la décentralisation et le transfert des compétences de planification au collectivité territoriales, un projet assez « pharaonique » prévoyait de développer une ville nouvelle entre Leybar et Sanar. Il est évident que ce projet aurait effet de plus que doubler l’étendue de Saint Louis. L’aéroport et l’université ont motivé la création d’une Zac à Sanar, point de départ de cette extension planifiée, mais je doute de la réalisation prochaine de ce plan de développement urbain, mais pourquoi ne pas le prendre en compte ? car on voit mal comment Saint louis va se développer sans cela…

Cependant, la présidence du conseil rural de Gandon est en train d’affecter des terrains à bâtir non loin du site choisi : le cadastre est en train de borner des parcelles autour du chemin reliant Leybar à la route. Des particuliers solvables se voient affectés des terrains qu’ils doivent clôturer (souvent en murs de parpaings) dans l’année suivant l’affectation. C’est dans ce contexte d’extension que j’ai rencontré le chef du village de Leybar. Il nous présenta l’autre zone qui sera investie dans le futur : des promoteurs sont déjà intéressés par ce site.

 

¤ Quelques déterminants pour une orientation propice.

Un schéma (Voir document PDF) analyse les principales données qui permettent d’orienter le projet en fonction des vues, des sens des alizés frais, et de la végétation, au nord du site. Il indique le rapport aux réseaux (positionnés au sud) qui sera engagé : on se dégagera d’une cinquantaine de mètres de la ligne électrique haute tension.

¤ Topographie et qualité du sol

Il faut bien savoir que le terrain est assez plat et qu’aucune carte assez précise ne peut nous renseigner par des lignes de niveaux. Une chose est sûre : le niveau du terrain est le même que celui des rails de la voie de chemin de fer jamais inondés. La visite sur le terrain nous apprit que nous étions surélevés d’1m au dessus du niveau de l’eau, à l’oeil… Aussi, nous visitions ce terrain en juillet : à la source du fleuve, en guinée, depuis quelques semaines, les pluies étaient déjà fortes le niveau du fleuve monte donc avant que les premières pluies arrivent dans la région. Le barrage en amont de Saint louis permet en outre une régulation du niveau de l’eau (en plus de permettre l’irrigation des installations agricoles de Richard Toll, ville à 110 km en amont sur le fleuve).

De plus, la nouvelle embouchure permet une plus rapide évacuation des eaux du fleuve : les inondations ne sont en théorie plus possible à Saint Louis. Et de mémoire locale, ce terrain n’a jamais été inondé. En période sèche, le marais est presque à sec, alors qu’en saison des grosses pluies (août-septembre) le niveau de l’eau peut encore monter de maximum 50 cm.

Le terrain est de type halomorphe « acidifié à croûte saline (sebkha) », c’est une ancienne vasière dénudée : la carte géologique qui m’a renseigné, je l’ai photographiée[1] à l’OMVS (organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal, à Saint Louis.

Je dispose aussi d’une photo de l’ancienne carrière illégale de sables qui montre qu’il n’y a pas d’eau en temps normal à moins de 2m50.

Remarquons aussi que dans tout l’estuaire les normes de construction interdisent les constructions dépassant 3 étages car les sols ne sont pas d’une assez bonne qualité. De toute façon, je considère que la clinique sera conçue sur un seul niveau courant.

 

2. Concevoir en fonction du vent et du soleil : considérations climatiques.

¤ La stratégie du froid

La façon la plus efficace de se protéger de l’ensoleillement direct trop important à certains moments est d’ériger un écran extérieur procurant de l’ombre. Ces structures d’ombrage peuvent être permanentes, amovibles ou saisonnières.

Malgré toutes les précautions prises, il se peut qu’à certains moments l’air intérieur du bâtiment soit surchauffé : il s’agit alors de dissiper la chaleur excessive. Cela peut être obtenu en exploitant les gradients de température par le biais d’ouvertures produisant un  » effet de cheminée « . La pression du vent et la canalisation des flux d’air peuvent également être mises à profit pour évacuer l’air surchauffé du bâtiment.

Il est en outre essentiel de minimiser les apports internes de chaleur et d’éviter les apports externes (en accroissant l’isolation ou l’inertie des parois,…). On peut également augmenter la vitesse de circulation de l’air et le refroidir naturellement par des dispositifs extérieurs (plans d’eau, fontaines, végétation,…)

¤ L’orientation

Il faut se protéger d’un soleil dont les rayons ne se rapprochent de l’horizontale que le matin et le soir (est et ouest.) En tant qu’européen, je suis habitué à un soleil de midi très bas l’hiver et presque zénithal l’été, mais toujours au sud. Il faut comprendre qu’avec l’inclinaison de la terre, le 21 juin, le soleil est légèrement au nord avec une hauteur angulaire de 96° à midi. Le graphique en projection sphérique ci-contre, réalisé avec Solar Tool, décrit la course annuelle du soleil. Le graphique ci-dessous, est une élaboration personnelle de diagramme solaire en plan-coupe-élévation, pour mieux visualiser les angles solaires.



Je profite d’un vent dominant et rafraîchissant du nord Ouest : les alizés des canaries soufflent toute l’année. Pendant l’hivernage, de août à septembre à Saint Louis, la dépression venant du sud apporte pluie et chaleur lourde. Il conviendra alors de conserver la fraîcheur de la nuit. Pendant cette période, l’abri sert de parapluie. Alors que le reste du temps il sert à se protéger du soleil. Aussi, seuls quelques jours par an, durant la saison sèche, souffle l’harmattan, vent chaud orienté nord ouest,venu du désert, chargé de poussières. Il faudra se protéger du sable en pouvant fermer les aérations.



On concevra des corps de bâtis plutôt longiformes aux petites façades est et ouest, et aux longues façades sud et nord dans lesquelles on ouvrira des baies. Si les façades est et ouest sont obligatoirement grandes pour des raisons fonctionnelles, on utilisera des procédés visant à y projeter de l’ombre (débords de toitures, coursives couvertes) ou permettant apporter du frais (plantes)

On privilégiera des chauffe eau solaires faiblement inclinés: la course du soleil ayant une hauteur à midi de 73° en moyenne. D’après des études en recherche énergie renouvelables, pour une telle structure il serait préférable de prévoir une grosse installation pour une distribution centralisée de l’eau chaude.

¤ Des ouvertures en vis-à-vis

D’après les références en matière d’architecture climatique, je m’impose quelques préceptes.

Nord et sud seront les cotés privilégiés pour les ouverture : vis-à-vis pour une meilleure aération et non pénétration des rayons solaire. Pour les façades orientées plus ouest ou est, des pare-soleil orientables permettront de minimiser le problème de l’apport d’énergie solaire. >


Le concept de base de la conception climatique est de créer des ouvertures plus petites du côté exposé aux vents et plus grandes du côté opposé pour créer une aspiration.

 

Si l’on mesure la vitesse de l’air à différentes altitudes du sol, on vérifiera que le rapport hauteur/vitesse est proportionnel.

Donc, l’air est plus chaud quand il est proche du sol : le rayonnement (albédo) d’un terrain de couleur claire (conséquence de la salinité entre autre) réchauffera d’autant plus l’air s’il est lent >


C’est donc une contrainte qui pousse à surélever la construction et à positionner des ouvertures assez hautes : l’air frais rentrant dans une pièce descend, l’air chaud remonte par une ouverture haute en vis-à-vis.

 

Un dispositif d’orientation de l’air sera mis en œuvre pour rafraîchir les pièces : clapets (vitrés) orientables horizontalement, le système de jalousies est couramment utilisé, leur coût n’est pas trop élevé pour cette raison, leurs résultats sans contestes. Seul hic, l’esthétique de leurs menuiseries en PVC ou en aluminium ne fait pas consensus. On variera donc les procédés : jalousies et fenêtres à double battants.

¤ Des toitures sur combles ventilés.

Un autre concept climatique que je veux mettre en pratique ici, consiste à isoler les pièces de l’apport énergétique solaire en toiture. [2]

Pour les pièces de hauteur simple (3 mètre maximum) Il s’agira de créer des combles largement ventilés, une toiture légère sera décollée de l’enveloppe maçonnée. Pour des espaces à plus grande hauteur, une aération par des ouvertures en haut de mur, sous le plafond, suffira à extracter l’air chaud.

Aussi, un débord de toiture permettra de porter une ombre sur les façades les plus exposées à un soleil chaud (débord au sud et au sud ouest)

¤ Des murs isolants.

Contrairement à la pratique sous les climats froids (chauffer l’intérieur des habitats chercher à s’isoler du froid extérieur), il ne s’agit pas ici d’empêcher la chaleur de s’évacuer, au contraire. Il faut l’empêcher de rentrer et favoriser son évacuation quand elle a pénétré l’intérieur. C’est donc choisir des matériaux à faible conductivité qu’il faut choisir pour les murs exposés au soleil. C’est dans la mise en œuvre de ces matériaux que l’on pourra augmenter ses chances de s’isoler de la chaleur extérieure. Les murs sud seront ainsi conçus avec une lame d’air pour mieux tempérer les murs en économisant de l’épaisseur, alors que les murs ombragés et exposés aux vents seront de maçonnerie de simple épaisseur.


 

 

[1] G. et JM ALEXANDROFF, Architectures et Climats, « soleil et énergies naturelles dans le climat » Ed. Berger Levrault, coll. Architectures, Paris, 1982, est le livre qui explique très bien comment, traditionnellement, sur les côtes du Sénégal, on profite des alizés pour ventiler naturellement, ils expliquent en outre qu’en milieu humide, la solution qui consiste à ventiler largement des combles permet un surplus de confort, sans climatisation ni ventilation artificielles.

 

 

 


 

 

[2] de trop mauvaise qualité pour être présentée ici, les cartes sur les zones inondables que j’ai pu trouver sont d’une telle imprécision qu’elles sont inexploitables.

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